Login

Rapport Besson/Fixation des prix alimentaires Cas du lait et de la viande porcine

Voici deux exemples de fixation de prix décrits dans le rapport « Besson » qui montrent que les prix des produits alimentaires à la consommation ne sont pas le plus souvent liés aux prix à la production.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


Un évolution du prix du porc sans rapport avec
les coûts de production (© Terre-net Média)

La viande de porc déconnectée

Selon le rapport « formation des prix alimentaires » d’Eric Besson présenté le 18 décembre, le prix du rôti porc dans la grande distribution payé par le consommateur est en autres dû à une politique de prix qui vise à compenser la faiblesse des marges en viande bovine, plus difficile à écouler.

Non seulement, le prix au détail est fixé indépendamment des prix à la production, mais en plus, il suit parfois une évolution opposée. La hausse des prix au détail sur 2007/2008 par rapport au prix du porc est du reste inexpliquée.

« En France, la décomposition des chaines de valeur fait apparaitre des marges nettes substantielles à toutes les étapes de la transformation : 5% environ au stade abattoir, 4% au stade transformation et surtout 26,5% au niveau de la distribution », mentionne le rapport. « Sur le jambon, 89% de la marge réalisée par les différents intermédiaires est captée par la distribution ». Même constat pour le jambon de Bayonne, le prix du porc payé aux éleveurs n’intègre pas la valeur ajoutée dégagée tout au long de la filière de transformation et de distribution.

Remède : intensifier la concurrence pour faire baisser les prix (1)

Si les Pays-Bas ont pu réduire de façon impressionnante le niveau, absolu comme relatif (par rapport à la moyenne de l’UE), des prix, ce n’est pas à une introduction massive du hard discount qu’ils le doivent, mais à une guerre des prix entre distributeurs lancée en 2003.

En France, la concurrence ne doit pas se traduire par une pression accrue et excessive sur les fournisseurs industriels et par voie de conséquence les agriculteurs. À cet égard, la loi de modernisation de l’économie, qui a préservé un équilibre dans la négociation commerciale doit être appliquée dans toutes ses dispositions.

Les accords négociés entre l’État et la grande distribution ont en 2004 d’abord réduit les prix dans la grande distribution et ont ensuite permis de gagner deux ans d’inflation. Mais ces négociations sont peu reproductibles dans le temps et, surtout, l’ampleur de la baisse initiale (moins de deux points en valeur absolue, sept en valeur relative par rapport à la moyenne des prix dans l’UE) est bien plus faible que les dix-sept à dix-huit points de baisse des prix enregistrée aux Pays-Bas sur la même période de deux ans.

Cas du lait de vache

Une augmentation de 1% du prix du lait longue consommation se traduit par une réduction de la demande de 4,5%. La stratégie adoptée par la distribution a conduit à une politique de prix décalée par rapport aux soucis de production, de rentabilité et de revenus des éleveurs laitiers.

Voici la stratégie de prix décrite.

« Une fois que les volumes achetés sont tels qu’ils occupent une portion du linéaire conséquente et que la marque (du distributeur) a été acceptée par les consommateurs, les distributeurs ont pu accroître leurs marges sur ce produit avec une convergence des prix », défend le rapport.

La marge des briques de lait « premier prix » reste cependant faible car la distribution se repose sur des stratégies de volume pour ce type de produit mais elle passe à 15% et même 30% pour le lait de marque de distributeurs et atteint 40% pour le lait de marque nationale (d’où un prix du lait de 1,1 à 1,3 euros voir 2 euros dans les petits magasins !).

Quand le prix du lait payé aux producteurs a augmenté fin 2007, les distributeurs ont pu différer, grâce à leur fort pouvoir de négociation, les premières hausses de prix déclarées par les industriels pour finalement faire passer aux consommateurs des augmentations plus fortes que nécessaires sans pour autant desserrer leur étreinte vis-à-vis des industriels et des coopératives. D’où la grève du prix du lait en Allemagne !

Lire aussi La grande distribution responsable de la faiblesse du revenu agricole ?

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement